Rencontre d’artiste : interview exclusif avec Jovin Bikedi Mbongui

L'Equipe NF
L'Equipe NF
6 Min Read

L’objectif d’une œuvre d’art c’est de captiver l’esprit de celui qui voit à travers le message qu’il véhicule

Jovin Bikedi Mbongui

Il allie le spirituel à son imagination pour créer son œuvre d’art. Lui, c’est Yela Jovin BIKEDI MBONGUI. L’artiste fait parti des jeunes talents ayant réalisé les fresques murales sur le mur de l’Université de Lomé. Jovin s’est prêté au jeu de questions réponses avec la rédaction.

Votre œuvre s’intitule Racine, parlez-nous de vos racines à vous.

Je tire mes racines de la République du Congo où j’ai vu le jour. Troisième fils d’une modeste famille de quatre enfants, d’un père artisans et d’une mère commerçante.

Quels sont vos racines artistiques ?

Etant le fils d’un artisan de qui j’ai hérité de la fibre artistique, j’ai développé dès mon plus jeune âge une passion pour la sculpture et le dessin. Très vite j’ai commencé à faire des sculptures en terre et aussi avec du polystyrène avant de venir manifester un amour pour la peinture sur toile à l’EAMAU où j’ai participé à ma première exposition d’art en mars 2018 sous le thème « la femme dans les métiers de la ville« . C’est ainsi que va commencer cette belle course dans le monde de l’art.

Qu’est-ce que vous avez ressenti quand vous avez été appelé sur le projet du Campus ?

Je dois avouer que cela a été un moment plein d’émotion. Lorsque j’ai appris la nouvelle, il était difficile pour moi d’imaginer que la genèse de ma carrière artistique devrait être un projet d’une telle envergure. C’est donc avec plein d’enthousiasme que j’ai voulu relever le défi, qui d’ailleurs a été pour moi une expérience inoubliable.

Racine, Jovin Bikedi Mbongui

Pourquoi le masque précisément ?

J’ai choisi de mettre en valeur le masque non pas seulement à cause de sa charge symbolique mais surtout à cause du fait que c’est quelque chose qui perd son estime. De nos jours, il est considéré comme un objet diabolique ou effrayant. J’ai toujours pensé qu’au-delà de la symbolique ou même la fonction que l’on peut lui attribuer le masque pourrait aussi être perçu comme un chef-d’œuvre artistique et qu’on pouvait l’apprécier comme l’on pourrait apprécier n’importe quelle œuvre d’art. C’est aussi d’une part cette chose qui nous caractérise. Cela fait partie de notre identité culturelle.

Quel est la place du spirituel dans votre art ?

Le spirituel occupe une place importante dans ma réflexion artistique parce que, pour moi le spirituel typifie le naturel. Au-delà de la forme que l’on peut attribuer à une sculpture, du rythme polychromatique d’une peinture, j’estime que l’objectif d’une œuvre d’art c’est de captiver l’esprit de celui qui voit à travers le message qu’il véhicule. C’est pourquoi, le plus grand exercice pour moi, c’est d’arriver par ce que je fais à atteindre l’esprit de celui qui observe. Je ne veux pas que l’œuvre soit un simple régale pour les yeux mais quelque chose qui pousse à la réflexion et qui édifie l’esprit.

Vous parlez de retour aux sources, êtes-vous suivi ? (Votre message trouve-t-il des échos favorable ?)

Il faut partir de quelque part pour émerger. Mon message n’est qu’une voix de plus à celui qui crie pour l’émergence du continent. Je suis satisfait d’avoir des retours positifs à travers cette œuvre qui veut promouvoir l’identité culturelle africaine.

Avec cette période de la Covid-19, retourner aux sources se traduit comment selon vous ?

Avec cette période de Covid-19, retourner aux sources se traduit par une prise de conscience de la gravité de la crise. Se conduire de façon responsable assurera notre survie et permettra à ce que nous soyons apte à faire face aux nombreux défis dont l’Afrique fait face aujourd’hui.

Le Togo a-t-il une identité culturelle ?

Comme toute existence, je pense que le Togo a une identité culturelle.

Pensez-vous que le Togo, précisément, a perdu son identité culturelle ?

Je ne parlerais pas du Togo en particulier mais je parlerais plutôt de l’homme, d’une manière générale. C’est l’homme qui est au centre de toute identité et c’est lui qui crée la culture par sa façon de faire selon son contexte et c’est finalement ce qui le définit. Je dirais de ce fait que l’homme s’égare quand il oublie et délaisse sa culture au profit d’une autre mal adaptée à sa situation. Cette attitude freine alors considérablement sa croissance parce qu’en réalité il perd sa référence. 

Vos perspectives

Ma plus grande réussite serait de pouvoir contribuer considérablement à l’éveil de l’art en Afrique. De laisser à travers mes œuvres un témoignage fort qui parlera d’une nouvelle renaissance de l’art. Avec mon équipe nous mettons notre engagement à contribution afin de révolutionner le domaine artistique dans le monde et surtout en Afrique.

Share this Article
Leave a comment