Prof Godwin Azamede (au micro) modérant un panel entouré de Renaud Dossavi, Secrétaire de Pen-Togo (extrême gauche), suivi de Steve Bodjona, Président du club Le Littéraire, et de Claude Assiobo Tis, Secrétaire de l’Association des Ecrivains du Togo (AET)

L’an 2018 et des 9, 10 et 12 mai a vu se tenir dans la salle de lecture de la bibliothèque de l’Université de Lomé la 2ème édition du Festival International des Lettres et des Arts (Festilarts). Contrairement à l’édition précédente, l’édition de cette année s’est déroulée sur trois jours et a reçu le soutien moral et financier de la Faculté des Lettres, Langues et Arts. Placé sous le thème « la littérature au service du développement intégral de notre pays », cette édition a connu la participation de plusieurs écrivains, poètes, conteurs et artistes plasticiens et un écrivain étranger venu du Bénin. Plusieurs activités ont meublé cet événement. Parmi les activités phares de cette deuxième édition, on peut noter des conférences-débats un café des éditeurs, un cocktail dédicace, des expositions d’arts plastiques, des panels autour du livre et des écrivains togolais, des soirées de contes et de théâtre.

Premier jour : 9 mai 2018

Dr Nouhr-Dine Akondo

Pour la première journée,  la deuxième édition du Festilarts a commencé le 9 mai 2018 dans la salle de lecture de la bibliothèque universitaire avec le mot d’ouverture du coordonnateur de ce festival par Dr. Akondo D. Nouhr-Dine.

Dr. Akondo s’est également réjoui de la particularité de la deuxième édition du Festilarts qui compte plus d’auteurs et plus d’activités que la première édition. Il a terminé son propos en conviant les auteurs, éditeurs, artistes, conférenciers, étudiants et public venus de tous horizons à passer de bons moments d’échanges pendant les trois jours du Festival.

Prof Komlan Essizewa, Doyen de la Faculté des Lettres, Langues et Arts, UL

Ce fut ensuite le tour du Doyen de la Faculté des Lettres, Langues et Arts, Professeur Komlan E. Essizewa, de prendre la parole pour souhaiter son mot de bienvenue au public et à tous les invités.

Dans son allocution, le Doyen a exprimé ses encouragements à l’endroit des organisateurs du festival. Il a aussi invité le public et les bonnes volontés à accompagner ce genre d’initiative et aider à la pérennisation de ce projet, car dit-il, « l’art représente un excellent vecteur d’émancipation qui décuple la puissance de notre imagination, qui invite à penser, à rêver, mais aussi à éveiller notre curiosité. »  Après avoir invité le public étudiant à tirer profit des échanges avec les invités, le Doyen a terminé son allocution en déclarant ouvert le Festival et en souhaitant un bon déroulement à tous les participants.

Le programme de la journée a offert une série de quatre activités menées jusqu’en fin d’après-midi. La conférence inaugurale a porté sur le thème « la littérature au service du développement intégral de notre pays. »

Steve Bodjona, promoteur de la FI2L

L’orateur, M. Steve Bodjona a fait un exposé sur la vitalité de la littérature au Togo en termes de style et de thématiques abordées,  et la contribution de la littérature togolaise au développement national. A la fin de la conférence, l’opportunité a été donnée aux étudiants de poser des questions relatives à l’importance de la littérature dans leur vécu et dans la société.      

Serge Aziale, représentant les Editions Awoudy

 Le public a, ensuite, eu l’honneur de suivre un café des éditeurs sur le thème « L’expérience de l’édition au Togo ». Les représentants des éditions Awoudy, Editions Graines de Pensées, Editions AGAU et Editions Continent ont, tour à tour, fait une présentation de leur maison d’édition, de leurs prestations, et leur expérience au contact des auteurs et du public. Ils ont invité les écrivains togolais à faire éditer leurs œuvres dans les maisons d’édition nationales pour mieux se faire connaître de leurs compatriotes. Les éditeurs ont fini leur communication en invitant les étudiants à s’approprier la culture de la lecture et celle de l’achat des livres.

Après la pause, les activités ont repris dans l’après-midi avec la découverte de trois œuvres à savoir Le Chien qui fume d’Apedo-Amah, Passion Avortée de Karoue-Atchall et Les Poussières du temps de Koffi Boko. Modéré par Cal Avono, Directeur de la bibliothèque universitaire, ce panel a permis à chaque auteur de faire un bref exposé sur son œuvre en donnant un avant-goût à tout lecteur qui voudrait s’en procurer. Les débats ont tourné autour de l’inspiration des auteurs et comment ils donnent libre cours à leur écriture. Il faut noter que les trois œuvres sont imprégnées de réalités de l’environnement socio-politique togolais.

La première journée a pris fin avec une exposition d’art de l’artiste musicien et plasticien Aké Olokan, invité d’honneur du Festival. Il a exposé sa sculpture en paille nommée « Animal du Savoir ».

Cette exposition s’est déroulée en deux étapes : une première étape où l’artiste a pris contact avec le public par une prestation musicale et de danse traditionnelle spécialement appréciée par les étudiants ; une seconde étape qui a consisté en la présentation de la pièce d’art.

Ake O’lokan

C’est sous le regard admirateur de l’assistance que l’artiste a dévoilé les dimensions sociales, anthropologiques et académiques de sa sculpture. Ake Olokan a motivé la jeunesse à l’excellence académique et à la discipline dans leur marche vers l’avenir. Il a, enfin, expliqué que l’ « Animal du Savoir » exprime la complexité de l’homme à choisir entre le bien et le mal dans sa relation avec autrui. Cette première journée du Festilarts 2018 s’est terminée sur une note de satisfaction du public manifestement marqué par la prestation impressionnante et  originale l’artiste plasticien. 

Deuxième jour : 10 mai 2018

La deuxième journée du Festival a débuté à 9h par un premier panel sous la modération du Dr. Sokpoh  autour de deux œuvres, Rose est la couronne d’épines et Savon sale  respectivement écrites par Mme Gina de Fanti et Kalbesh Kutsonya.

Les deux auteurs ont exposé pendant une heure de temps le contenu de leurs œuvres. Les questions sentimentale, sociale, politique et celle du développement en Afrique leur ont permis de mesurer la réception de leurs œuvres par le public.

Le café des clubs a été une vitrine offerte à trois clubs ou associations dont les activités visent à promouvoir la lecture. Il s’agit de Pen Togo, Association des Ecrivains du Togo (AET) et Club le Littéraire. Sous la modération du Dr. Godwin Azamede, les représentants de ces différents clubs ont présenté leurs clubs, les objectifs poursuivis et les activités menées sur le terrain en faveur de la promotion du livre et de l’écriture. Ce panel a permis d’apprécier les efforts en cours mais aussi les défis qui attendent tous les amoureux de la littérature togolaise. Les orateurs n’ont pas manqué de créer le déclic chez beaucoup d’étudiants qui se sont engagés à adhérer aux diverses associations.

Gina de Fanti (à gauche), et Kalbesh Kutsonya (à droite), sur un panel modéré par Dr Hervé Sokpoh

Un second panel modéré par M. Mawuse Heka, Responsable des Editions Awoudy, a permis au public de découvrir l’une des plus récentes publications de la littérature togolaise à savoir le recueil de poème Je ne suis pas que négatif du Prof. Marcelline Tchassim. A travers l’exposé et une séance de questions-réponses avec l’auditoire, l’auteure a mis en exergue son engagement à œuvrer pour un changement de mentalité afin d’aboutir à un meilleur vivre-ensemble dans la société. Selon elle, s’il est presque impossible de juger autrui, il est plus important de trouver en l’autre la belle humanité qui n’attend que d’être offerte et acceptée. L’auteure a aussi fait un parallèle entre la perception erronée que d’autres peuples ont du continent africain et le jugement hâtif d’une personne que l’on rencontre pour la première fois.

Prof Koutchoukalo Tchassim (à droite) reçue par Mawuse Heka, Directeur Général des Editions Awoudy

Le programme de cette deuxième journée du Festilarts a continué dans l’après-midi avec un cocktail de contes suivi d’une prestation de pièce de théâtre. Le cocktail de contes intitulé « Le conte au goût du jour », était animé par Mme Simone Dakiche, journaliste animatrice de la radio Kanal FM., entourée de deux conteurs professionnels à savoir M. Koffivi Assem et M. Madje Markus Soussoukpo. En dehors des deux conteurs, un chercheur en diversité des contes, M. Prilop Gerard, était venu de l’Allemagne spécialement pour la circonstance. A tour de rôle, ces trois spécialistes ont présenté au public l’origine du conte, sa nature, ses particularités, et le rôle des contes dans l’éducation des jeunes et le développement de la société. Ils ont également invité le public à renouer dans les familles avec la tradition africaine qui consiste à dire des contes aux enfants. Les diverses explications ont été souvent illustrées à travers de petites démonstrations sur scène à la grande satisfaction du public.  Rappelons que M. Gerard maitrise les contes africains et togolais avec une capacité à relever le lien que les contes africains ou togolais partagent avec l’histoire et l’archéologie mondiales. Il a, par exemple, montré comment certains mythes africains se trouvent liés aux mythes de la Mésopotamie. Avant la clôture du cocktail, le public a eu un avant-goût de la soirée de contes programmée pour le jour suivant.

Gerard Prilop

Un autre évènement de la journée qui a suscité beaucoup d’engouement chez le public a été la soirée théâtrale autour de l’œuvre Piège sans Fond de Nouhr-Dine Akondo. Cette pièce a été jouée par la troupe théâtrale du « English Club Université de Lomé», un des partenaires de ce festival. Cette pièce met en lumière le problème foncier au Togo, notamment le phénomène de double vente des terrains ainsi que les attitudes d’escroquerie, d’hypocrisie et d’abus de confiance qui en découlent.

En s’armant de beaucoup d’humour et de communication directe avec le public, les différents acteurs de cette représentation théâtrale ont permis aux spectateurs non seulement de rire mais aussi de tirer des leçons de la double vente. Cette dernière ternit, en effet, l’image du pays et cause de plus en plus aux citoyens des frustrations et de l’injustice.

Spectacle de théâtre: Piège sans Fond de Nouhr-Dine Akondo

Troisième jour : 12 mai 2018

Le programme de la troisième et dernière journée du Festilarts 2018 a présenté trois panels et un café des Arts dans la matinée, puis un atelier d’écriture suivi d’une soirée de contes dans l’après-midi. Le programme a commencé à 9 heures par le premier panel de la journée modéré par Dr. Molley, Chef du service des examens à la Faculté des Lettres, Langues et Arts. Autour de lui, deux écrivains, Germaine Anaté et Nikabou Gmakagni avec leurs œuvres respectives Souffles courts et Ces fous de la religion. Ces deux auteurs ont partagé le contenu de leurs œuvres avec le public avant l’ouverture du débat avec l’auditoire. Il faut noter que les deux œuvres posent des sujets d’actualité tels que le terrorisme et la liberté de religion.  

Le programme s’est poursuivi avec deux autres panels modérés respectivement par Jean-Paul Akakpo et Mawuli Diepena : le panel en compagnie de l’écrivain béninois M. Kowanou Houenou avec son roman intitulé Colonel Zibotey ; le panel en compagnie de Mme Nana Técla avec sa nouvelle Selfie et Mme Essenam K. Kouevi avec son recueil de nouvelles Face cachée.

Ces panels ont fait place à un café des Arts avec un exposé de M. Ayikoué Adama sur les œuvres artistiques de Claudio Kounakey, un artiste qui fait des sculptures avec des objets de récupération pour décrire la vie de tous les jours.

Après une pause déjeuner d’une heure, les activités ont repris dans l’après-midi avec un atelier d’écriture sur les techniques d’écriture de la nanofiction. Cet atelier s’est tenu dans la salle de conférence d’American Corner de l’Université de Lomé. Il a été animé par l’écrivain Renaud Dossavi et a vu la participation de plus de 50 étudiants et futurs écrivains. Après cet atelier, le public est retourné dans la salle de lecture de la bibliothèque de l’université pour poursuivre en beauté les derniers moments de cette deuxième édition du Festilarts.

Atelier d’écriture animé par Renaud Dossavi

Une remise de prix aux lauréats du concours de poésie organisé dans le cadre du Festilarts par le comité d’organisation a permis de récompenser quatre étudiants qui selon le jury ont un avenir prometteur dans l’écriture poétique. Pour rappel, une vingtaine de candidats venus du département d’Anglais et de celui des Lettres Modernes avaient participé à ce concours. Les prix aux lauréats étaient essentiellement constitués d’œuvres des auteurs togolais.

Remise de prix

Après la remise des prix, le festival a continué avec la soirée de contes. Les conteurs Koffivi Assem, Madje Markus Soussoukpo et Prilop Gerard ont encore répondu présents pour donner du plaisir au public. Certains étudiants amoureux des contes se sont également associés à la prestation sur scène en partageant avec leurs camarades certains contes appris en famille. De nombreux contes tirés de diverses cultures et entrecoupés de chants et danses du terroir ont rehaussé l’éclat de la dernière journée du Festival.

C’est dans cette ambiance festive qu’a pris fin le Festilarts 2018 avec le mot de clôture du Dr. Sokpoh, représentant le Chargé à l’organisation du festival. Il a, dans son intervention, remercié tout le public qui a permis la réussite de cette édition. Dr. Sokpoh a ensuite exprimé les remerciements du comité d’organisation à l’endroit de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la réussite de ce festival. « Nous exprimons notre gratitude à l’endroit du Professeur Komlan E. Essizewa, Doyen de la Faculté des Lettres, Langues et Arts pour son soutien multiforme depuis la première édition de ce projet, et aussi au Chef de département d’anglais, Dr. Komi Bafana. »  

Malgré certaines difficultés liées au lieu et surtout au financement de ce projet, il faut se réjouir de sa tenue parce qu’il a réuni une frange du monde littéraire et artistique togolais et étranger. Par ailleurs, il a permis aux étudiants de savoir tout le travail qui se fait avant la parution d’un livre en librairie et de mieux cerner les nombreux défis relatifs à la créativité artistique.

Les recommandations formulées de part et d’autres seront prises en compte pour une meilleure organisation des éditions à venir.

Fait à Lomé, le 12 mai 2018.